1. |
Les pâquerettes
03:12
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Allongé dans l’herbe
Parqué entre trois pâquerettes
C’est allongé dans l’herbe que je lui ai conté fleurette
Pour rendre vertes les pâquerettes
C’est sûr qu’elle avait le cœur à fleur de peau, ma rose
J’étais d’la mauvaise graine, plutôt morose
Mais lorsqu’on s’effleura du bout des lèvres en bout de doigts
De nos âmes on s’enivra
On roula dans l’herbe
Racrapotant quatre pâquerettes
C’est enroulé dans l’herbe que nos corps se firent la fête
Et que mon âme pris perpet’
Je sais que tu as le cœur à fleur de peau, ma rose
J’suis que d’la mauvaise graine, plutôt morose
Mais si l’on prend la peine de n’parler plus d’moi ni de toi
Je sais que « nous » nous suffira
Avachi dans l’herbe
Sur un cimetière de pâquerette
La vache c’est sur cette herbe qu’une idée me vient en tête
J’crois que j’préfère les pâquerettes
Ouais, j’crois que j’préfère les pâquerettes.
Ouais, ouais les pâquerettes ouais
Ouais c’est ça en fait
En fait j’préfère les pâquerettes
Non c’est pas toi que j’aime, non
C’est les pâquerettes
Les pâquerettes
Les pâquerettes
Dommage que t’avais l’cœur à fleur de peau, ma rose
J’t’ai dit d’la mauvaise graine, plutôt morose
N’attendons pas qu’s’égraine notre amour, il vaut mieux que ça
Et je sais qu’il fanera
Un couteau dans ton cœur à fleur de peau, ma rose
Ton regard plein de haine, plutôt morose
Un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout, suis-je bête
J’avais pas cru les pâquerettes
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2. |
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Puisqu’elle fuit à l’envers
Apprentie nue, sans son dessus
Telle une île au loin
Vague à larme
Six cent six – Mon corps s’immisce
Glissement saisissant
Méli mêlant menus moments
Telle une île au loin
Vague à l’homme
Six cent six – Ton corps…
Désir indochinois chez moi
Shunba
Désir indochinois chez moi
Shunba
Puisqu’il joue de travers
Amérindien, mérite rien
Telle une île au loin
Accentue
Six cent six – Ton corps m’y glisse
En sueur, hameçon sœur
Assise en soupçon de bonheur
Telle une île au loin
L’accent tue
Si t'insistes – Ton corps…
Désir indochinois chez moi
Shunba
Désir indochinois chez moi
Shunba
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3. |
Coeur en carton
03:29
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14 rue de l’Page Blanche, elle porte bien son nom
C’est là que j’ai garé l’camion
Assis côte à côte devant notre passé
8 mètres cubes bien entassés
On déballe nos affaires… pardon tes affaires
Faut qu’j’réapprenne à vivre au « tu »
C’est mon cœur qui est en carton
Juste après nos noces de coton
Rongés de monotones manies et de ménages
Mais aujourd’hui tu déménages
23 rue d’la joie d’vivre, elle porte mal son nom
C’est là que je m’retrouve tout con
J’ai le regard en berne, le corps au ralenti,
Entre ces murs coulaient nos vies
Des traces de poussières autour de tes absences
Ultimes cendres, morte romance
C’est mon cœur qui est en carton
Juste après nos noces de coton
Comme un gouffre béant, empli de ton néant
Il faut que j’revive à présent
Nouvel agencement de notre… mon appartement
Comme s’il n’y avait pas d’avant
J’ai repeint le salon, un joli gris menhir
Couche d’acrylique sur nos souvenirs
C’est mon cœur qui est en carton
Juste après nos noces de coton
Sur les ruines de nous, j’ai reconstruit ma vie
Mais rappelle-moi si ça te dit.
Si ça te dit.
Si ça te dit.
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4. |
Plus ou moins
03:31
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Plus de temps, j’en manque tellement
Plus de plage, moins d’embouteillage
Plus d’argent en moins de temps
Moins d’impôts, plus de dodo
Plus de vacances, d’Aix en Provence
Moins de râteaux, d’ex en sanglots
Plus de mardis gras, marre du gris
Moins de tralala, plus de trilili
Plus de coquines, de Marilyn
Moins de crétins, de Jeans Martins
Plus de jours dans mes semaines
Plus d’amour et moins de haine
Un appart plus grand
Moins d’emmerdements
Un boulot moins chiant
Encore plus tout l’temps !
Quand je serai mieux je serai bien
Je suis pas heureux mais néanmoins
En attendant j’vis plus ou moins
De plus en plus, de moins en moins
Plus de muscles moins minus
Moins d’calories, j’s’rais plus joli
Moins d’effort, plus de confort
Plus de choix et moins d’anchois
Plus, encore, davantage, more
Moins, minimum, moins que rien
Plus de mieux et moins de « bien »
Plus de tout et moins de rien
Un appart plus grand
Moins d’emmerdements
Un boulot moins chiant
Encore plus tout l’temps !
Quand je serai mieux je serai bien
Je suis pas heureux mais néanmoins
En attendant j’vis plus ou moins
De plus en plus, de moins en moins
J’ai le sourire en balancelle
En liberté conditionnelle
Marchant dans ce marché aux plus
J’ai la vie en bonus malus
J’ai le sourire en balancelle
En liberté conditionnelle
Marchant dans ce marché aux plus
J’ai la vie en bonus malus
Un appart plus grand
Moins d’emmerdements
Un boulot moins chiant
Encore plus tout l’temps !
Quand je serai mieux je serai bien
Je suis pas heureux mais néanmoins
En attendant j’vis plus ou moins
De plus en plus, de moins en moins
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5. |
Cafard
03:56
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Une étrange petite bête entre délicatement dans ma tête.
Si c’est une bête à Bon Dieu c’est… qu’il est malheureux.
Faut trop pas lui en vouloir à ce broyeur de noir couleur cigare.
Nous somm’ devenus amis, compagnons d’ennui.
Blotti dans un coin de mon oreille, dévoué filtreur de merveille.
Réfugié dans mon cerveau, soudain rien n’est beau.
Les minutes sont tellement profondes et je m’y suis laisse tombé
Dans ce gouffre - à secondes. J’ai l’bonheur cassé.
Il se nomme cafard.
C’est un bouffeur d‘espoir.
C’est dire si d’son côté
Il est désespéré.
J’ai le bonheur défait, le soleil est laid, l’horizon imparfait,
C’est quoi ces sourires idiots ? Même pas rigolo.
J’ai plus envie de rien, ni prendre mon bain, ni caresser mon chien
Me lever le matin… bah je l’ferai demain
Il se nomme cafard.
C’est un bouffeur d‘espoir.
C’est dire si d’son côté
Il est désespéré.
Il ne fait peut être que passer, - faisons semblant de rien.
« Que m’as tu demandé ?… Non, t’inquiètes, ça va bien. »
Petit cafard honteux. Je l’cache aux heureux.
Quand je serais comme eux, j’parlerai pas aux cafardeux.
Il se nomme cafard.
C’est un bouffeur d‘espoir.
C’est dire si d’son côté
Il est désespéré.
D’où viens tu mon cafard ?
J’t’avais pas invité.
T’es tu trompé d’histoire ?
Restes-tu pour dîner ?
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6. |
L'amant dans l'armoire
04:06
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Il lui dit « salut mignonne »
Dans son costume d’aluminium
Lentement elle l’en déshabille
Il sait y faire avec les filles
De son regard elle le dévore
De sa langue lui caresse le corps
De ses dents elle le mord à mort
De son cœur elle le corps à corps
Ne cherche pas dans le placard
Il est planqué dans l’armoire… à provisions.
Le chocolat blanc la rend haaaaaaaaan
Et celui au lait lui fait wèèèèè
Un morceau de noir ça la aaaaaaaaa
Qu’est-ce qu’on peut faire contre ça ?
T'inquietes pas de ce gars-là
Mais garde un œil sur ce Galak
Oublie l'mec en Ferrari
Mais méfie-toi du Ferrero
Il a « suchars »mé ta belle
Et c’est la galère avec elle
Toi nu t’es là tu te donnes
Elle ne pense qu’au Toblerone
Ne cherche pas dans le placard Il est planqué dans l’armoire… à provisions
Le chocolat blanc la rend haaaaaaaaan
Et celui au lait lui fait wèèèèè
Un morceau de noir ça la aaaaaaaaa
Qu’est-ce qu’on peut faire contre ça ?
Faut dire qu’il a des arguments
Avec lui pas de belle maman
Il ne regarde pas le football
Il n’essaie jamais d’être drôle
Son seul défaut : source de calorie
Même ça elle s’en fout, elle sourit
Qu’est-ce que j’peux faire contre ça ?
S’il est là je suis chocolat
Le chocolat blanc la rend haaaaaaaaan
Et celui au lait lui fait wèèèèè
Un morceau de noir ça la aaaaaaaaa
Qu’est-ce que je peux faire contre ça ?
Qu’est-ce que je peux faire contre ça ?
Qu’est-ce que je peux faire contre ça ?
Qu’est-ce que je peux faire contre ça ?
La réponse à cette question-là
Je te la donne, prépare-toi
Fais des abdos 1-2-3
T’auras des tablettes en chocolat
Fais des abdos 1-2-3
T’auras des tablettes en chocolat
Fais des abdos 1-2-3
T’auras des tablettes en chocolat
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7. |
Pas
04:35
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Ton sourire funambule
Tes yeux d’entrechats
Ton Cœur majuscule
Ton corps au creux de mes doigts
La candeur de ta voix
Même quand tu ne dis pas
Cette flamme en toi
Ton odeur tapie dans les draps
Tu as su lire en moi
Le silence entre mes pas
Ta graine de joie
Pansements sur mes vieux dégâts
Mais je t'aime pas.
Pas.
Encore moins que moi.
Je ne sens pas d'émoi en moi.
Lalala.
Non je t'aime pas.
Pas.
Cupidon, réveille-toi.
Tu vois bien qu’elle est juste là.
Lalala.
Tu es tous mes désirs
L’étincelle de mes soupirs
Complice de mes nuits
Sublime en qui mon corps s’oublie
T’es ma faille idéale.
Mais je n’y suis pas tombé
J'ai le cœur bancal
Dépassé par trop de passé
Je ne t'aime pas.
Pas.
Encore moins que moi.
Je ne sens pas d'émoi en moi.
Lalala.
Non je t'aime pas.
Pas.
Cupidon, réveille-toi.
Tu vois bien qu’elle est juste là.
Lalala.
On habiterait une petite maison à la campagne.
On s’y ferait la vie couleur champagne.
Je te ferais des surprises tout le temps.
Tu ne serais plus vraiment surprise mais tu ferais bien semblant.
Le soir on éteindrait la télé, on allumerait le feu.
On se demanderait comment on faisait avant d’être amoureux
On se ferait l’amour fabuleux, comme au cinéma
On dériverait au large du Kama Sutra
Je te dévorerais le ventre jusqu’au trépas
A bout de souffle j’hurlerais ton nom tout bas
Oui, je m’y vois déjà.
Mais voilà, ça s’fera pas.
Car je t'aime pas.
Pas.
Encore moins que moi.
Je ne sens pas d'émoi en moi.
Lalala.
Non je t'aime pas.
Pas.
Cupidon, réveille-toi.
Tu vois bien qu’elle est juste là.
Lalala.
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8. |
Les absents sont gris
05:51
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Il s’engouffre dans un demi lit
Qui n’est plus que le sien.
Qui n’est plus guère qu’un outil
Pour attendre le matin.
Il repense au bonheur
En pensant “nous étions”.
L’amour à l’imparfait
Mérite bien ce nom.
Il éteint puis rallume, espérant que, soudainement, elle soit là, comme avant
Il éteint puis rallume
Il éteint puis rallume
Il éteint puis rallume
Il éteint puis… éteint.
La nuit, tous les absents sont gris.
Il ère dans un demi lit
Qui n’est plus que le sien.
Compte jusqu’à l’infini
Pour mesurer son chagrin.
Pas moyen de compter les moutons
Et enfin être endormi.
Plus jamais ils ne sauteront
La bergère est partie.
Vivre son éveil
Demande trop de courage.
Il n’a que le sommeil
Pour suicide du lâche.
Il éteint puis rallume, espérant que, soudainement, elle sourie là, comme avant
Il éteint puis rallume
Il éteint puis rallume
Il éteint puis rallume
Il éteint puis… éteint.
La nuit, tous les absents sont gris.
Il pleure dans un demi lit
Qui n’est plus que le sien.
Il n’est que tout petit
Préférerait n’être plus rien.
Puis… Puis…
Puis d’un coup, il se lève.
Son lit est plus haut qu’une montagne.
Il brandit dans sa voix un glaive.
Interpelle la vie avec hargne.
L’amour, chez elle, s’est tari?
Pourquoi pas chez lui?
Son corps est recouvert de sanglots.
Le souffle du taureau.
Combattant son enfer en chevalier noble et fier d’une guerre sans adversaire
Il sanglote puis crie
Il sanglote puis tonne
Il sanglote puis hurle
Il sanglote puis… s’endort.
La nuit, tous les absents sont gris.
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9. |
La rumeur
02:41
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- Dis euuuuuh…T’es au courant?
- Non quoi ?
- Il paraît que…
- Que quoi ?
- Je sais pas si je suis censé te le dire… mais il paraît que… enfin tu vois…
- Mais non ?! C’est fou ça !
- Moi c’est ce qu’on m’a dit… Je dis ça…
- Ben ça alors
- Moi je t’ai rien dit.
- Oui, je comprends
- En tout cas j’peux pas t’en dire plus…
- Tu crois que… ?
- Je saurais pas dire. Mais à mon avis oui…
- Ah oui ?! Ben merde !
J’te dis qu’je t’ai pas dit qu’tu sais qu’je sais qu’il dit qu’ j’ sais
Il m’a dit que t’as dit que j’sais qu’il dit qu’ je dis qu’il sait
S’il te dit que je dis qu’je pense qu’il dit que j’sais qu’il pense
C’est qu’il pense que j’ai dit qu’tu penses qu’il dit qu’il sait qu’tu penses
- Hè…Tu devineras jamais ce qu’on m’a dit ?
- Non quoi ?
- Ben il paraît que…
- Ah oui, j’en avais entendu parler
- Ah bon ?
- Mais en fait c’est même pire que ça. Moi on m’a dit que…
- Mais non ?!
- Si.
- Comment tu le sais toi ?
- Je pas le droit de le dire.
- Oui moi c’est pareil
- Surtout que…
- Ben oui forcément…
- Et puis si ça se sait…
- Ne m’en parle pas.
- Vaut mieux garder ça pour toi
- T’inquiètes, de toute façon je l’ai dit à personne
J’te dis qu’je t’ai pas dit qu’tu sais qu’je sais qu’il dit qu’ j’ sais
Il m’a dit que t’as dit que j’sais qu’il dit qu’ je dis qu’il sait
S’il te dit que je dis qu’je pense qu’il dit que j’sais qu’il pense
C’est qu’il pense que j’ai dit qu’tu penses qu’il dit qu’il sait qu’tu penses
Ecoute la rumeur
Ecoule la rumeur
S’immisce la rumeur
Sévissent les rumeurs
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10. |
Si j'étais moi
05:01
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Si j’étais moi je ne prévoirais pas, je ne calculerais pas
Si j’étais moi j’aurais une montre où il n’y aurait que des secondes
Si j’étais moi je peux te dire que tous mes défauts préférés
Je les assumerais tell’ment qu’ils s’prendraient pour des qualités
Si j ‘étais moi j’avalerais tes yeux, je te boufferais des doigts
Je ferais l’amour en toi et je te baiserais parfois
Angoisse, crainte et inquiétude seraient des mots d’autrefois
Si j’étais moi ce serait la peur qui se méfierait de moi
Si j’étais moi
Si j’étais moi
Si j’étais moi tu ne me reconnaitrais pas
Si j’étais moi je ferais ce que je veux et pas ce qu'il faut
Si j’étais moi je serais tellement moi que j’en serais beau
Si j’étais moi si je t’aime toi si je t’ai mis dans mon émoi
Je ressasserais nos sueurs, sans cesse assiégeant l’âme sœur
Si j’étais moi le fil de mes pensées ne s’rait pas filtré par ma voix
Je dirais tout haut ce que je pense tout bas, j’me méfierais si j’étais toi
Si j’étais moi je donnerais droit de vote à mes sentiments
Je tomberais les masques et les armes, j’dirais je t’aime à mes parents
Si j’étais moi
Si j’étais moi
Si j'étais moi cette chanson n'existerait pas
Si j’étais moi j’aurais la peau couverte de reflets d’argent
Je ferais 20 mètres de haut, je chevauch’rais des océans
Si j’étais moi je chanterais des tempêtes de merveilles
Je mangerais du croissant de lune, je ferais de l’ombre au soleil
Si j’étais moi je f’rais la terre en plus de 7 jours cette fois
Je fabriquerais un univers tout aussi fabuleux que moi
Sublime, fier, éblouissant seraient synonymes de moi
Si j’étais moi je me complairais dans les méandres de moi
Si j’étais moi j’aurais abordé cette fille dans la station
Sans imaginer ses 100 façons de me répondre « sans façon »
Quand je serais moi
Quand je serais moi
Quand je serais moi...
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11. |
Passager clandestin
04:44
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8h du mat’, un œil s’étire, je baille, je m’lève et je soupire
Jusque là je me doute de rien, tout est banal tout est matin
C’est dans l’miroir d’la salle de bains que j’ai aperçu ce vaurien
Curieux passager clandestin, comme un intrus dans mon destin
C’est quoi ce sourire au coin d’ma gueule ?
C’est p’t’être pas le mien, non j’suis tout seul.
Comme une balafre dans ma figure
Un bel oiseau de bon augure
Je passe mon visage au peigne fin, j’suis sûr qu’c’était pas là hier matin
Ma face a un nouveau costume, la corpulence d’une plume
Je sais pas d’où vient cette nouveauté, j’ai rien fait pour la mériter
Mais je compte bien en profiter, dehors c’est novembre moi je suis en été !
Sur le trottoir d’une rue bondée, j’affiche mon sourire carnassier
Face aux moroses automatiques, j’impose mes zygomatiques
Une insolente bonne humeur, une insultante crise de bonheur
Elles ne se cachent plus en dedans, regarde, le monde, j’ai trente deux dents !
C’est quoi ce sourire au coin d’ma gueule ?
Oui c’est le mien, oui j’suis tout seul.
Comme une balafre dans ma figure
Un bel oiseau de bon augure
J’ai passé tout l’après-midi à la prom’ner d’là à ici
Ma bonne humeur, ma bonne amie, mon beau bonheur, ma bonhomie
Ce flot de joie m’a épuisé tout autant qu’il m’a exalté
Il est temps de me reposer, que vois-je là, oh un café !
Une bière, une table, une chaise et moi nous saluons « comment ça va ? »
Voilà qu’je pars à rigoler, je vais passer pour un cinglé
Sur une table un peu plus loin me fixent deux yeux féminins
Sur son visage, ma pauvre amie, j’aperçois la même infamie
C’est quoi ce sourire au coin d’ta gueule ?
Ah c’est le tien, j’suis plus tout seul !
Comme une balafre dans ta figure
Un bel oiseau de bon augure
De cette rencontre peu commune, on en a fait table commune
Concours de bras d’fer de sourires, de joie on souffre le martyr
Nos yeux font des feux d’artifice, nos malheurs signent l’armistice
Mon sourire n’est plus clandestin, p’t’être mêm’qu’il reviendra demain
C’est quoi ce sourire au coin d’nos gueules ?
Ah c’est les nôtres, on n’est plus seuls !
Comme une balafre dans nos figures
Un bel oiseau de bon augure
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12. |
12h55, une vie
07:05
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Ca commence. Jusque là, je n’étais nulle part à aucun moment. Et voilà que subitement, je suis ici à 12h55. Ils ont donné des noms à chaque moment. Il y a des 12h55 mais aussi des 20h34, des midis, des minuits et des 11h11. Tout ça c’est des moments, et pendant les moments on peut faire des choses comme remuer ses pieds, crier très fort, bouger presque pas du tout ou cligner des yeux. Et quand tu mets bout à bout tous ces moments ça s’appelle une vie. Une vie, c’est pour ça que je suis ici à 12h55.
Une vie c’est un cadeau magnifique qu’on m’avait dit ! Je l’ouvre et à l’intérieur : rien ! On m’avait promis quelque chose de fantastique et voilà que je me retrouve avec rien. On me dit « Mais c’est là tout l’intérêt, c’est à toi de tout inventer ». Tu parles d’un cadeau ! Mais bon j’essaie. Un essai c’est un moyen pour se tromper. Plus je me trompe maintenant, moins je me trompe après. Ca s’appelle de l’expérience. Et des façons de se tromper il y en a des milliers alors l’expérience ça prend du temps. Ho, le temps ! Faut que je me dépêche, ça a commencé.
Les autres c’est des personnes comme moi mais différentes sinon y’aurait que moi et ce serait dommage. Il y en a ici et ailleurs. Je les rencontre à des moments différents. Et si j’ai envie de les revoir, je peux le faire. Pour cela, je leur donne le nom d’un moment et celui d’un endroit et comme ça je peux les retrouver. J’ai tout compris ! Mon cadeau c’est les autres. C’est tout simple ! Juste partager des moments avec les autres. Je leur parlerai de mon 12h55 et eux de leur 9h58 et ensemble nous créerons des 20h02 et des 5h34. Ma vie va être merveilleuse !
J’ai découvert des nouvelles choses : le matin la nuit se cache, les sons c’est joli, l’eau c’est doux mais c’est fourbe, le visage a plein de formes différentes, ça sert à rien de respirer exprès parce que de toute façon, on le fait tout seul, quand on dort on existe un peu moins.
Quand on empile des cubes, à la fin, ça fait une pile de cubes. Ca s’appelle construire. On peut construire des maisons pour qu’il y aie pas que dehors, des boîtes qui roulent pour aller plus vite à d'autres endroits, des fauteuils pour pas être debout tout le temps et même une amitié, c’est quelque chose qu’on construit avec un autre mais qui se voit pas.
Après plusieurs moments, je suis devenu assez grand. Quand on est assez grand, on va à l’école. A l’école, j’apprends tout ce que les autres ont découvert avant moi. Par exemple, on peut faire des dessins qui veulent dire des mots. Grâce à ça, je vais savoir ce que les autres ont découvert sans devoir faire de l’expérience.
A l’école il y a deux sortes d’autres. Les autres un peu comme moi et les autres pas trop comme moi. Les autres pas comme moi ça s’appelle des filles et elles sont jolies. Je sais pas pourquoi mais ça me plaît. Quand je les regarde j’ai plus envie de jouer au ballon, c’est un signe.
Quand elles deviennent grandes les filles changent de forme alors c’est des femmes mais elles sont toujours jolies. Maintenant je suis plus grand aussi alors je dors avec elle, ça fait tout bizarre. Et je me sens fort puis très fragile, fatigué mais heureux. Je crois que ça va être compliqué.
J’aime bien être avec une jolie. Et aussi j’aime bien être tout seul. Alors des fois elle comprend pas et alors elle s’en va et alors je veux plus être tout seul. Ca s’appelle un paradoxe. Des fois il pleut dehors, et des fois il pleut dedans.
Maintenant j’ai un travail pour gagner des sous pour les dépenser quand je travaille pas. Le soir, j’allume une boîte dans laquelle y’a des autres qui sont pas vraiment là. A plein d’endroits y’a des autres qui tuent d’autres autres parce qu’ils sont pas d’accord avec eux. Alors j’éteins la boîte puis je m’en fous. Puis je me hais de m’en foutre. Puis je m’en fous de me haïr.
J’ai dit à une jolie que je l’aimerais toute ma vie même si on sait très bien tous les deux que c’est peu probable. Ca s’appelle un mariage alors on a fait un bébé. Il est tout petit et c’est de ma faute s’il est là alors je dois bien m’en occuper pour m’excuser. Et aussi m’occuper d’elle. Mais quand est-ce que je m’occupe de moi ?
Quand on est d’accord qu’on est plus d’accord c’est un consentement mutuel, c’est comme ça qu’on s’est séparé. Je revois les amis que je ne voyais plus et je préférais quand ils me manquaient. Je vais dans des cafés pour oublier que j’y suis et je dors avec des jolies sans les regarder dans les yeux.
Au travail, ils m’ont dit qu'ils allaient se passer de mes services alors j’ai plein de moments pour moi. Je suis la dernière personne avec qui j’ai envie de passer du temps. Je voudrais voir mon bébé mais dans la lettre du juge les dessins disaient que « ma situation actuelle était défavorable » alors je m’allonge et mes yeux fondent sur mes joues.
Je ne vais plus dans les cafés mais je ne sais pas où aller d’autre. Quand je passe sur un pont je regarde l’eau un peu trop longtemps. Je ne revois plus mes amis mais j’en ai un nouveau que je paie à la fin de nos discussions. Je retravaille, je fais du sport, je lis la vie des autres, je vais au cinéma. Et puis il y a cette jolie qui me regarde un peu trop longtemps. Mais moi j’ose plus regarder une jolie.
Ce matin je revois mon bébé. Si mon évaluation est bonne je pourrais aussi le revoir dans 2 semaines. Parfois je regarde le vent dans les branches et je souris. Parfois pas mais ça me tracasse moins qu’avant.
Il est 12h55, je suis à mi-chemin de mon cadeau. J’ai entendu le grondement du temps qui souffle. J’ai bu la terre et le soleil, j’ai brisé la lune. J’ai caressé, caressé. Je me suis débattu, je me suis perdu au bout des autres. Je suis tombé, je me suis relevé. J’ai gagné parfois. J’ai marché, j’ai couru, j’ai souffert, j’ai rit à gorge déployée, j’ai aimé à tombeau ouvert. Je vais pas dire que je regrette rien. Mais putain, j’ai vécu.
Rêver
Donner
Aimer
Tomber
Bâtir
Sourire
Courir
Partir
Vouloir
Pouvoir
Savoir
Y croire
Défaire
Parfaire
Mystère
12h55
12h55
douceur 55
douleur 55
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